3ème étape : la malédiction ne passera pas !

crédit photo :  Duda Bairros

L’étape des paysages majestueux, des difficultés variées, aussi la n°3 dont je me méfie particulièrement : celle des chutes plein gaz des années passées

Levé à 6h00, peu dormi, mal de tête une bonne partie de la nuit. Je m’habille en mode express, il fait froid et pas de temps à perdre. Petit dej consistant mais rapide. Pas de liaison au départ, l’arrivée se fera ici, à Neom, cité futuriste en devenir au nord-ouest de l’Arabie Saoudite. Donc pas besoin de tout replier et ranger cette fois, du temps gagné bien agréable.

Me voilà au départ de la spéciale : chacun se demande quels vont être les pièges du jour. Go, 415 km de chrono nous attendent.

Ce matin nous gratifie d’une petite surprise : le soleil est là, oui il gèle aussi, du givre sur la moto et sur ma veste.

Des pièges oui, de toutes natures à n’en pas douter, ce sera le cas.

Début de la spéciale, à 3 km, j’aperçois un pilote au sol avec 3 ou 4 personnes avec lui, je distingue le numéro de sa moto, Adrien Van Beveren, il s’est planté et, apparemment, c’est du sérieux, j’ai une pensée pour lui qui a fait tant d’efforts pour revenir à son niveau, 3 Dakars et autant d’abandons …

VBA en détresse

Le parcours prend de l’altitude, jusque 1500 m. Des secteurs parfois trialisants, des bonnes grimpettes semées de cailloux en quasi permanence, les cailloux du Maroc surmultipliés, je me retrouve dans les Alpes version roches anthracites, des cols et puis encore des cols, et des paysages …

… grandioses. Une bonne partie de cette longue spéciale me gratifie de montagnes au relief acéré puis, bien plus loin, des canyons et falaises pendant plusieurs centaines de km.

Bien sûr, il faut gérer en permanence les cailloux glissants, les dérapages intempestifs, les blocs de pierre, les ornières de sable, les montées où il faut garder de la vitesse, les descentes sans charger l’avant, position du corps renversé en arrière. Regarder loin est essentiel en moto tout terrain, pour se diriger, anticiper les passages à privilégier.

Tout en gardant un œil sur le road book, une gymnastique permanente. Les way points ne sont pas toujours faciles à trouver, évidemment. Je n’aurai pas commis d’erreurs et trouvé sans perdre beaucoup de temps.

Crédit photo : Vinicius Branca
Crédit photo : Magnus Torquato
Crédit photo : Magnus Torquato
Crédit photo : Vinicius Branca
Crédit photo : Magnus Torquato
Crédit photo : Victor Eleuterio Costa
Crédit photo : Marcelo Machado de Melo

La neutralisation approche, il est temps, la fatigue est bien présente, je me sens en limite de zone rouge. Se restaurer, bien boire, reprendre son souffle.

Les premières voitures arrivent, elles étaient au départ de la spéciale peu derrière nous. Moment bien sympa avec Stéphane (Peterhansel), Monsieur Dakar de tous les superlatifs et quelques autres.

Le reste de la spéciale est, tantôt sableux avec des paysages incroyables de Far-Ouest, tantôt en cailloux, plus rapide avec alternance de passages escarpés, de pistes de sable mou et d’oueds (wadis ici) plus ou moins profonds.


Les voitures me doublent grâce à leur pointe de vitesse dans les zones rapides, de la poussière en veux-tu en voilà, puis quelques camions plus vers la fin, merci bien je suis servi !

Les derniers 100 kms sont particulièrement cassants, faits pour souffrir, pour faire de la sélection.

La fin de la spéciale approche, avec une navigation délicate, j’ai su ensuite que pas mal s’y sont égarés y compris certains pros.

La Direction de course a décidé de stopper les positions au km 389 car le suivant posait un souci de reconnaissance par les gps (je rappelle qu’ils sont aveugles pour nous), tant pis, je l’avais trouvé ce dernier, ne vais pas porter réclamation non plus ! Jusqu’à présent, j’ai, disons, … plutôt géré, ne voulant pas prendre de gros risques, me rappelant être chat noir pour les étapes number 3 avec chutes et gros bobos, vous vous souvenez ? Je ne suis tombé que 2 fois aujourd’hui, à vitesse modérée. J’accélère le rythme quand même vers la fin.

Enfin, tout en restant lucide, la Mini de Vasilyev qui part en fumée et la Peugeot de Quasimini explosée par plusieurs tonneaux me le rappellent au besoin

Puis la délivrance, km 417, c’est tout bon,. Je me rafraîchis, mange un morceau, je suis bien entamé, épuisé mais, la malédiction bobo de la 3ème, au rancart, je l’ai conjurée bel et bien et ce ne sont pas les 77 km de liaison qui changeront la donne.

Le vainqueur du jour : Ricky Brabec (US)

Liaison finale, et arrivée à Neom.

un peu fatigué quand même !

Reprenfre des forces.

Vient la séance de mécanique : après le lavage, une patte de la bulle cassée à force de vibrations, à remplacer, le filtre à air à changer (je l’avais vérifié pendant l’étape, là c’était encore bon mais en voie de saturation), boite et conduit à nettoyer bien sûr, tous les rayons sont à retendre, vidange boite, patin de chaîne à renforcer, filtre de pompe d’injection à remplacer, vérif. des serrages , … Donc du temps. Je n’irai pas chez le kiné ce soir, ni au briefing (Mag ira à ma place et filmera avec son mobile)

Puis douche rapide et modification du road book pendant 1 heure 1/2 suite aux changements de météo, il est minuit 40, demain lever 5h30, tout doit être dans le camion Motul à 6h00.

A demain les amis !

janvier 8, 2020

  • Bravo Fred,
    Du gros taffe quand même en course et après sur la moto, avec cette « grosse » révision.
    Très bon résumé qui nous fait vivre ce dakar autrement. Merci.

    Bon courage.

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