Etape 4 : tu avais dit calme, David ?

Crédit photo :  Victor Eleuterio Costa

« Notre but a été de relâcher un peu la tension sur cette journée » disait David Castera la veille. Alors, oui, un peu seulement, plutôt pas du tout, sacré farceur David !

Dîner hier soir après la douche

Après ma bonne séance de mécanique où, après les divers changements de consommables et les quelques réparations, le check général, liste pense-bête à l’appui, m’a mis en confiance sur l’état de la moto, je pouvais espérer me coucher peu après. C’était sans compter la modification du road book nécessité par les conditions météos ayant pas mal changé la configuration du terrain depuis les reconnaissances ASO.

2 heures, les yeux me piquaient, il fallait être sérieux sur ce travail, il est minuit, au lit, enfin … à la tente Quechua

4 heures de sommeil, mon record depuis notre arrivée ici !

Petit dej avec Mag, il faut se forcer à s’alimenter malgré l’heure matinale

Pas chaud, brrr., je m’habille en conséquence, bien sûr le gilet intégral, le pantalon de cross, les bottes idem, sont de mise.

Parti à 7h10, liaison de 123 km.

Me voici sur cette liaison, donc, assis sur mon coussin gonflable protecteur, vous savez, la selle de l’enduro dure comme du bois, le temps passe lentement, lancinant, lancinnnnn.. … Non, ne pas dormir ! La musique du MP3 m’y aide et puis ce froid encore vif …

Arrivée à la spéciale, 453 km de chrono.

Partir bien énergiquement, un bon coup de gaz pour se mettre dans le bain et garder l’allure, en prudence oui mais sans mollir, profitons de ces zones roulantes, Titine est une enduro, pas une rallye bien plus onéreuse, je dois aussi la ménager et la situer loin du rupteur, la vitesse de pointe s’en trouve limitée .

Crédit photo : Jose Mario Dias
Crédit photo : Jose Mario Dias
Crédit photo : Jose Mario Dias

Passages sablonneux alternant avec des portions empierrées, comme dit au briefing, je veux bien, des passages de 100 km, tout est relatif ! Je ne vous raconte pas dans le détail mais, globalement, imaginez un enduro de 450 km. Du dur, du pierreux, du sable mi-dur ou très mou, des cailloux roulants estampillés SKF, du sable à nouveau, de la terre … ah, de la bonne terre, fait du bien !

Pas de dunes aujourd’hui. De la navigation, oui, de la vraie, de la vicieuse parfois, sélective, implacable.

Tout comme la longueur de cette spéciale, de ses embûches, de la concentration à la fois sur le terrain et sur le road book, une spéciale qui use son bonhomme, du rapide, du plus lent, il faut garder le rythme.

Des paysages merveilleux aussi, les éperons se succèdent, les étendues incroyables, du très beau, pas loin de la qualité d’hier sur ce point.

Du fesh fesh apparait, sournois, le traître, le pleutre ! Rien de bien méchant pour le moment, je décide de changer le filtre à air à titre préventif au contrôle horaire peu après, eh oui, un de rechange dans mon sac les copains ! Il ne s’est que peu manifesté ensuite, très loin de l’envergure de celui du Dakar péruvien l’année dernière.

Les parcours empruntés sont plus plats qu’hier, pas vraiment moins fatigants vu la longueur de la bête.

Crédit photo : Marcelo Machado de Melo
Crédit photo :  Vinicius Branca
Crédit photo : Duda Bairros
Avec Nasser al-Attiyah
Avec Mathieu Baumel

Oui, David, calme n’est pas l’adjectif commun, pour preuve le nombre de blessés en moto aujourd’hui, mon ami Arnold Brucy qui doit quitter la course pour d’indispensables examens, mon protégé N°118 Alexandre Bispo qui n’est pas au mieux et quelques autres qui ont beaucoup souffert pendant cette étape, le Dakar !

Je goûte à la piste de nuit, les phares de ma moto éclairent comme des lampes de poche comparées aux phares des autos et camions, la chasse aux poissons pilote est ouverte.

En suivant un camion me servant de point de repère, je fais moins attention à la végétation qui sème ce hors piste, à peine mais suffisamment pour que je me prenne une herbe à chameau, une belle, dure et grassouillette à souhait, l’avant se dérobe, pas possible de rattraper la moto qui se couche, me voilà mordant le sable après une glissade arrêtée par un autre paquet de touffes et je vous assure qu’il ne s’agit pas de ray-grass anglais !

Pas de mal apparent pour moi, pour Titine non plus qui en a vu d’autres, la vitesse n’était pas violente sur un sol sableux.

Arrivée de la spéciale, pas fâché ! Je ne me suis pas fait piéger par la navigation, j’ai cherché certains WP avec une perte de temps très raisonnable.

Reste la liaison de 91 km, sans encombre particulier si ce n’est une vraie lassitude, grosse fatigue oui quand même.

Passage près de temples nabatéens, peule arabe de l’Antiquité (âge de bronze), vivant sur une zone correspondant aujourd’hui à Israël, la Palestine, l’ouest et le sud de la Jordanie, le Liban, une partie de la Syrie et là où nous sommes, donc une sacrée superficie, capitale Pétra, voilà qui nous parle mieux et, enfin, le bivouac.

Demain, une belle journée s’annonce encore avec, cette fois, 41% de dunes pour le chrono et les fameuses portes barrières horaires synonymes de mise hors course après leur inexorable fermeture, gasp !

Avant cela, place aux réjouissances mécaniques, vidange, filtres, changement de roues et tout le bazar à vérifier

Bises les amis

janvier 9, 2020

  • Bonjour, nous vous suivons mon mari et moi-même et sommes très impressionnés de ce que vous accomplissez. Tout est tellement dur, le manque de sommeil, l’immense fatigue qu’imposent toutes ces courses aussi difficiles les unes que les autres, mais votre bel esprit de compétition (votre bel esprit tout court) et votre envie d’aller jusqu’au bout, pour vous et ceux qui vous suivent, pour les vôtres, tout ça vous fait faire des prouesses; finir une étape déjà est une prouesse!!
    Sachez que nous sommes avec vous en pensée, prenez bien soin de vous et de votre fidèle destrier mécanique qui vous emmènera au bout de vos rêves…
    Bien cordialement et très sportivement …
    Sarah Grandvincent

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