Etape 11 : je commence à y croire !

Je suis prêt en avance ce matin, une première, les réflexions sur l’organisation, les gestes deviennent des automatismes et le temps de préparation en bénéficie.

Mot d’ordre ce matin : ménager Titine et ma pomme par la même occasion, ne pas risquer inconsidérément de perdre ma présence en course si durement acquise.

Départ pour la liaison de 45 km, par un bon froid, comme à chaque fois, qui te prélève de l’énergie à la manière d’un péage d’autoroute qui te soutire des deniers.

Me voici à la spéciale de 379 km, paysage magnifique de hautes dunes, surtout les premiers 80 km, il fait plus chaud à présent.

Spéciale difficile, des dunes à franchir, hautes, souvent cassées, du sable mou, du Chegaga Maroc pendant 300 km ! Je ne me sens pas dans le rythme, peut-être l’appréhension de ne pas passer ce cap de l’avant-dernière étape, l’incident mécanique, la chute avec une blessure sérieuse, …

Des chutes, je m’en prends trois dont une belle boite à 80 km/h, un peu sonné mais rien d’abîmé manifestement, je reprends mes esprits, me relève et Titine aussi, la moto n’a pas subi, il lui en faut plus et cette portion de dunes à perte de vue amortit bien, ouf … Ah non, pas de cela mon ami, tu fais attention, tu ne déconnes pas, tu restes concentré.

Loupé 1 way point, je m’en suis aperçu à 4 km, je décide de poursuivre sans faire demi-tour vu les difficultés de la zone, tant pis j’aurai une pénalité, la première ici.

La fin de la spéciale ressemble plus à la Mauritanie, dunes plus basses, des portions caillasses, du plus roulant.

L’arrivée ! Je suis fatigué, un petit somme n’est pas du luxe.

Et puis la liaison, longue, lancinante, 320 km, pas le plus drôle, de la musique pour ne pas s’endormir, ce coucher de soleil dont je vous ai fait profiter en live, puis l’arrivée au bivouac, bien détruit physiquement, pas moralement.

Les 2 étapes marathon sont donc terminées, ce soir un bon check-up rapide de Titine et, bien sûr, vidange et filtres. La moto est en bon état pour la dernière, elle me met en confiance.

Un coucher mémorable dans ce dortoir commun à tous les pilotes, personnel de l’organisation, journalistes, … Une bonne occasion d’échanger avec les tops, avec les collègues Original by Motul, de supporter la musique ambiante de ronflements nombreux, variés, intempestifs, la caravane se repose … Petite interview de France TV pour présenter mes impressions sur ce joyeux bazar. J’ai un matelas à même le sol comme beaucoup , on en a vu d’autres …

Demain les amis, ce sera un autre jour encore, le bon, je l’espère.

Grâce à vous, j’ai tenu jusqu’ici, vous m’avez soutenu et j’en avais vraiment besoin dans les moments difficiles qui étaient nombreux.

J’ai une pensée pour Edwin Starver qui avait gagné l’année dernière au classement Original by Motul. Je lui avais donné mes boissons de récupération après mon abandon.

Edwin a chuté lourdement, je suis très inquiet pour lui, il se dit ici que son pronostic vital est engagé, que sa moelle épinière pourrait être atteinte, on ne sait pas vraiment, je tente de m’endormir en pensant à lui puis plonge en serrant les doigts très fort, tiens bon Edwin, tiens bon !

janvier 17, 2020